changement de chef du clan

Shannok avait la tête qui bourdonnait : la journée avait été riche en émotions. Sentant venir le mal de tête lent et tenace ; elle décida de sortir s’aérer. Le vent la saisit, frais ; ainsi que le silence de la nuit. La jeune fille ferma les yeux et se détendit. Se concentrant d’abord sur le contacte du vent sur sa peau, aléatoire, entrainant puis sur le silence à la fois inquiétant et envoutant ; elle resta ainsi jusqu'à ce qu’elle se sente apaisée. Enfin elle ouvrit les yeux, sereine. Comme à chaque fois, elle était incapable de dire combien de temps cela avait duré. Elle n’avait pas les idées plus claires certes mais en revanche elle était disposée à réfléchir efficacement. Elle se promena tranquillement…

La demoiselle leva la tête et regarda calment les étoiles, reconnaissant les divers symboles qu’elles forment et que les êtres vivants nomment.

Une pensée lui vient à l’esprit : elle ne savait absolument pas depuis combien de temps elle était arrivé dans ce clan. Il est vrai qu’elle avait complètement perdu la notion du temps. Elle s’en moquait éperdument à l’époque, tout comme le reste. Alors qu’elle avait baissé les bras pensant que tout était fini, Shannok sentait qu’à présent sa vie venait seulement de commencer.

Elle remarqua que sa pensée n‘était suivit d’aucune émotion particulière, elle qui au début avait les larmes qui perlaient dès qu’elle y songeait… Aujourd’hui c’était plutôt un constat, elle avait accepté les faits et n’en gardait qu’une haine profonde qui ne pourrait s’éteindre, du moins pas tant qu’elle resterait dans ce clan. Mais la jeune fille en était pleinement consciente. Elle le savait et avait fait le choix d’y rester : vouloir fuir son passé, l’oublier était le meilleur moyen de se perdre…

Un bruit attira son attention, se retournant, elle découvrit sa monture occupé de mastiquer tranquillement l’une des cordes qui maintenait sa tente. Elle sourit un instant, désireuse elle aussi de lever le camp puis se décida à intervenir sèchement.

«Fifine ! Non mais ce n’est pas bientôt fini oui ?! »

La Fifine en question leva le museau et regarda sa maîtresse d’un air le plus innocent du monde puis s’éloigna tranquillement de quelques pas pour se mettre à brouter.

Shannok s’assit un instant à même le sol et se mit à réfléchir sur la bêtise qui venait de lui passer par la tête: pourquoi ne pas partir dès ce soir ? Voyager de nuit ne la dérangeait pas bien au contraire…

Malgré la journée de fête qui venait de se dérouler, la jeune guerrière ne se sentait pas fatiguée. Il faut dire qu’elle avait été raisonnable sur la boisson et sur le menu, pas comme les autres. Elle laissa échapper un petit rire nerveux en repensant à son maître dansant la gigue tel un nain unijambiste s’exerçant au triple saut périlleux sur un tonneau de bière… Mais bon il ne s’en était pas trop mal tiré quand même… Faut dire que la nouvelle en valait la peine, devenir chef du clan… Jamais Shannok ne l’aurait cru… pas lui…

Sentant le bout du museau de Fifine jouer avec ses cheveux derrière elle, la guerrière s’allongea par terre, croisant les bras derrière la tête, le nez à quelques centimètres du museau de la chipie.

« Alors ma Pépette, qu’est c’t’en dis ? On y va ? »

Finie hocha la tête plusieurs fois nerveusement et gratta la terre avec son sabot près de la tête de son propriétaire. Celui-ci fit un micro-sourire, les yeux brillants, Shannok se releva d’un bond. Pour sur, l’attitude de sa bête n’était qu’une coïncidence… mais Shannok avait appris à accepter ces coïncidences que beaucoup nomment «signes », « présages »…

En deux temps et trois mouvements elle replia sa tente… quoique tente était un bien grand mot pour la chose que trimballait la demoiselle… c’était tellement petit et tellement rafistolé de partout qu’on pouvait prendre ça pour un gros… duvet… en patchwork. Oui c’était bien ça… la seule définition que l’on pouvait donner à son « ptit chez moi » comme elle l’appelait.

Malgré son introduction dans le clan des BITT, Shannok ne pouvait pas supporter l’idée de dormir entre quatre murs… s’était comme une prison pour elle… pire… un cercueil ! Aussi, elle avait gardé l’habitude de dormir dehors, même quand elle était de retour au QG.

Terminant les préparatifs pour sa virée nocturne, elle se glissa furtivement dans les cuisines du château, complètement dévastées afin de dénicher quelques victuailles qui avaient échappé aux festivités. Heureuse d’avoir pu fêter la « promotion » de son Maître avec toute l’équipe, elle s’éloigna contente. Les autres ne comprendraient surement pas pourquoi son départ était aussi précipité… Mais peu importe, les festivités durant plusieurs jours et la cohabitation qui plus est dans un même espace confiné baignant dans la sueur, les alcools et la fumée, très peu pour elle !

Elle jeta un dernier regard dans la salle des festivités, discrètement, apercevant un B…azard monstre au milieu duquel une poignée de joyeux lurons chantait, dansait, buvait bref bringuait joyeusement pendant que les autres écroulés sur les côtés cherchaient à récupérer quelques forces et surtout quelques idées…

Enfin prête, elle ouvrit les portes de la bâtisse, regarda le ciel et s’éloigna dans le silence de la plaine.