LES ADIEUX

Sonja se releva péniblement après que Killerdrag ait tué le démon qui s’était fait passer pour leur Dieu pendant si longtemps. De rage, elle sorti sa dague et, mordant dans le fourreau en cuir pour ne pas crier, elle arracha la marque des Ténèbres de son épaule d’un coup de lame. Le sang gicla, le sang de la renaissance pour elle. Le sang de sa liberté à elle, à tous.
Automatiquement, ses pensées se dirigèrent vers son mari. Elle avait faillit mourir, ne jamais le revoir. Mais elle ne rencontra que du vide. En son coeur, il n’y avait rien. Elle se souvenait de lui, de sa vie avec lui, du bonheur avec lui… mais en son cœur, elle ne ressentait rien. Déstabilisée, elle vacilla et tomba à genoux. Elle promena un regard hagard sur l’autel brisé, sur ses compagnons abattus qui se relevaient un à un péniblement. Elle porta ses yeux perdus sur les ruines qui l’entouraient et elle cherchait. Elle le cherchait. Mais il n’y avait rien.
Son regard s’arrêta sur les restes calcinés du démon qui les avaient tous trompés. Son cœur se brisa en un millier de morceaux. Trompés ! Tous, dans la foi qu’il avait suscité en eux, dans la vie qu’il leur avait donnée, dans le but qu’il leur avait fixé. Et elle, il l’avait trompée dans l’amour qu’il avait fait naître en elle. Elle n’était plus sa créature, elle n’avait plus sa marque infamante sur l’épaule. Elle l’avait extirpé de son corps et l’amour s’était retiré de son cœur. Parce que ça n’était pas un amour naturel. Parce que c’était une perfidie du démon qui gisait à ses pieds.
Sans un mot, lentement, très lentement, elle se releva. Elle regarda ses frères avec un regard rempli d’amour et, dans ce moment tragique où ils avaient besoin d’elle, elle se détourna et quitta les lieux de l’infamie. Elle reviendrait, ça oui. Et très vite. Elle prendrait soin d’eux, elle les soutiendrait. Mais avant, elle avait une chose essentielle à faire et cela ne pouvait attendre.
Elle enfourcha Avalokiteshvara, son cheval de brume, et lui murmura des encouragements à l’oreille, pour qu’il l’emmène plus vite que le vent là où elle voulait aller.

En quelques heures qui lui parurent une éternité, elle atteignit le campement qu’elle cherchait, elle s’arrêta devant l’immense tente dans laquelle il se trouvait. Elle descendit de son destrier, elle souleva la tenture et entra. Il était là, comme s’il savait qu’elle allait venir. Il se tenait près du feu qui brûlait au centre de l’immense bâtisse de toile comme s’il cherchait lui aussi à réchauffer un cœur mort de froid. Ils se regardèrent un long moment. Puis elle s’avança jusqu’à lui et les larmes roulèrent sur ses joues. Elle connaissait tout de lui. Sa vie, son odeur, sa chaleur. Mais à l’intérieur, elle était glacée, vide, morte.
Avec un effort surhumain, elle murmura :

« Tu l’a senti toi aussi ? »

Il hocha gravement la tête et d’un geste tendre, il la prit dans ses bras. Elle pleura longtemps, très longtemps et il la tint contre lui aussi longtemps qu’elle voulut.
Lorsque les larmes de Sonja se furent taries, elle se dégagea de ses bras et le regarda de nouveau. Oui, il avait senti le changement. Non, lui non plus n’avait plus d’amour en son cœur. Du respect, oui. De la tendresse, certainement. De l’amitié, à jamais. Mais de l’amour, non.
C’était fini. Le destin s’était acharné sur ces deux êtres qui avaient déjà suffisamment souffert et ce soir se jouait le dernier acte.
Avec un pauvre sourire triste, elle lui tendit la main et il comprit. Il lui donna la sienne et d’un geste délicat, Sonja retira la bague qu’il portait à l’annulaire gauche. Elle referma son poing tremblant sur l’anneau d’or. A son tour, elle tendit sa main gauche à GuEdIn et il lui ôta l’anneau qu’elle portait et le conserva également dans son poing fermé. La boucle était bouclée. Ils s’étaient donnés ces gages de leur affection, ils se les étaient repris.
Main dans la main, chacun le poing fermé devant lui, ils firent face au brasier qui ne parvenaient pas à réchauffer l’hiver qui s’était installé en eux et d’un même geste, ils jetèrent les anneaux au feu.
Longtemps ils restèrent là à regarder les petits cercles de métal fondre parmi les braises.

Puis Sonja détacha sa main de celle de GuEdIn et le regarda une dernière fois.

« Pour tout ce que tu m’as donné, merci. Je te souhaite bonne route et je sais que tu croiseras la route de quelqu’un que tu aimeras vraiment, sans maléfice, sans démon, sans ténèbres autours de toi. Et qui t’aimera en retour. Je fais le même vœux pour moi-même.»

Elle ferma les yeux pour se donner du courage.

« Sois heureux mon GuEdIn, tu le mérites ».

Elle lui tourna le dos.

« Adieu ….»

Et disparut à jamais dans la nuit.

HRP : ceci vient à la suite du RP de Jeg dans la bibliothèque....un cataclysme n'arrivant jamais seul Wink

Pas de commentaires pour le moment, merci... ou MP moi si vous voulez.

Je tiens à mettre ici la suite de l'histoire....et un jour la fin.
C'est important, c'est tout ce qui restera de lui...

Lorndor, 8 avril 2008

Debout en haut de la colline, Sonja regardait le soleil se coucher sur le Lorndor. Le vent jouait avec ses cheveux et les derniers rayons leur donnaient une teinte ensanglantée. Avec la fin du jour mourrait le premier amour de sa vie. Ce soir, GuEdIn ne serait plus. Machinalement, elle toucha la bague, offerte lors de sa demande en mariage, qu'elle portait toujours à une chaine autours de son cou.

Une vieille chanson lui revint et elle fredonna. Les notes s'envolèrent une dernière fois vers lui.

Tu viendras longtemps marcher dans mes rêves
Tu viendras toujours du côté où le soleil se lève
Et si malgré ça j'arrive à t'oublier
J'aimerais quand même te dire
Tout ce que j'ai pu écrire
Aura longtemps le parfum des regrets

Voici la fin de l'histoire.

Sonja se tenait au bord du fleuve dont les eaux tranquilles reflétaient le croissant argenté de la lune. Elle avait toujours aimé ce fleuve, sa force tranquille, son calme trompeur et ses courants traîtres, à l'affût sous la surface, prêts à emporter le nageur imprudent, la barque trop frêle. Il se dégageait de ce grand serpent en mouvement une majesté ancestrale.
Elle se tenait là, au bord du fleuve, le poing serré devant elle. Dans ce poing, elle tenait ce qui symbolisait les derniers mois de sa vie. Ses joies, ses peines.
Au bord de ce fleuve, elle était venue tourner cette page, enfin.

Les yeux dans le vague, elle se remémora cette douleur, deux jours plus tôt, qui l'avait prise au milieu de la nuit. Elle faisait un rêve étrange où elle aimait de nouveau et une puissante, une insupportable douleur à la poitrine l'avait réveillée. Elle s'était tordue de douleur, s'était mordue la lèvre pour ne pas hurler. Sa poitrine oppressée menaçant d'éclater, elle avait cru mourir. Elle avait cru exploser. Et c'est presque ce qui s'était passé. Une onde de choc l'avait parcourue et elle avait poussé un cri soudain. Une onde de choc qui avait soulevé tout son corps en un spasme. Une onde de choc si puissante que sa force avait brisé la chaîne qu'elle portait en permanence autours de son cou depuis des semaines et la bague qui y était attachée avait roulé à terre. Une onde de choc qui l'avait laissée là, gisant, épuisée.

Peu à peu, elle avait retrouvé ses esprits et peu à peu elle avait eu le sentiment d'être différente. Quelque chose de différent vivait en elle. Elle avait porté sa main à sa poitrine et elle y avait senti des battements. Incroyable ! Son cœur était mort pourtant. Il avait explosé de chagrin en un millier de morceaux dont elle n'avait réussi à sauver qu'un minuscule fragment moribond qui la maintenait plus ou moins en vie. Mais là, elle ne rêvait pas, elle avait un cœur et il battait comme jamais.

A peine revenue de sa surprise, ses yeux s'étaient posés sur la chaîne brisée qui gisait au sol près de la bague qu'elle avait porté si longtemps en souvenir de lui. Et elle avait compris. Doucement, presque avec révérence, comme pour ne pas briser le fragile bijou, elle l'avait ramassé et posé sur la petite table au centre de sa tente. Pendant deux jours, elle l'avait laissé là. Sans y toucher. Regardant cette bague symbole d'un être cher perdu à jamais pendant des heures. Se remémorant les joies et les peines. Elle avait finit par sourire. Finalement seules les joies resteraient et les peines seraient oubliées.
Puis au soir du troisième jour, elle avait pris sa décision. Elle avait déposé le bijou dans un petit coffret d'ébène tapissé de velours pourpre. Une dernière fois, du bout d'un doigt, elle avait caressé le métal avec tendresse. Puis elle avait refermé le coffret et tourné la petite clé dans la serrure.

Résolue, elle avait emporté la clé avec elle au dehors de la tente, dans la nuit noire et froide. Elle avait pris bien soin de ne pas être suivie, seule la lune serait son témoin.
Et elle était là, face au fleuve, la petite clé serrée dans son poing. Elle leva la tête vers les étoiles. Elle se rappelait que, enfant, son père lui avait appris que chaque petite étoile qui brille dans le ciel est un être cher que l'on a perdu et qui veille sur vous. Alors elle regarda le ciel dans les yeux pour une dernière pensée à cet être cher.
Elle ouvrit sa main et embrassa la petite clé puis de toutes ses forces, elle la jeta dans le fleuve. Le courant la fit disparaître.

Ce courant, ce fleuve puissant emportait une partie de sa vie, maintenant révolue. Le moment était venu de passer à autre chose.
Elle retourna vers le campement des BITT, sereine, apaisée, libre et impatiente qu'un nouveau jour se lève.

il est vrai que devant la qualité d'un tel Rp on ne peut que se sentir muet d'admiration ma douce...

tu es sans aucun doute une des plus belles plumes qu'il m'ai été donné de lire.
et j'y prend énormément de plaisir.

(en même temps c'est carrément triste...)

j'adoooooooooore Very Happy

Merci mon amour, tes compliments me touchent.

La tragédie me sied, on dirait.
Mais je suis heureuse de pouvoir tester un peu le bonheur à tes côtés à présent Smile

je ferais en sorte que tu ne connaisse plus que ça ma belle I love you

Kerps

Et avec une traduction, ça donne ? Wink

Kerps